Les pères du désert ont-ils sacrifié leur jouissance pour se tenir sous la patronage de la Loi, et par conséquent du désir ? Ou n'est-ce pas plutôt, par le dépouillement et le renoncement à toute jouissance phallique, celle de la Vie dans sa dimension la plus essentielle, qu'ils tentaient d'atteindre dans l'absolution et la dissolution?
Quoiqu'il en soit, viser le ciel, c'est vouloir être au côté de Dieu pour la vie promise à l'éternité des béatitudes. Il faudrait à ce propos se poser la question de savoir comment un tel discours a pu se supporter. L'éternité des béatitudes ne serait-elle pas une désinence de l'Enfer ?
Comment renoncer à tout pour rien ? Car c'est la question qui se pose aujourd'hui à ceux que hante le trou dévoilé derrière le trône du Seigneur, cette place désertée que les lois du langage vinrent recouvrir de l'Un possible, ce fantôme à faire nécessité, où l'œil du parlêtre se sera miré pour apaiser et empeser sa conscience, pour soutenir son manque.
Renoncer à tout pour rien. C'est l'ultime défi lancé par la psychanalyse à celui qui se réclame de son discours. Et la raison pour laquelle si peu peuvent s'en prévaloir. Lacan dit quelque part que le psychanalyste doit être un saint, c'est à dire se choir en ce lieu où le saint demeure.
Être saint, c'est à dire faire de son corps le support de l'objet a, cause du désir et béance, déchet, poubelle, Zéro à faire l'Un où pourrait s'aggriper le sujet analysant une fois arrivé au bord du précipice.
La psychanalyse est un vœu pieux, à se faire impie pour y atteindre, une fonction impossible à tenir à côté des trois autres deja étiquetées par Freud : gouverner, enseigner, et faire désirer, et où Lacan nous renverra dans ce qui fait structure des trois discours : celui du maître, de l'universitaire et de l'hystérique, plus un, dont il se réclame, et nous avec.
Le psychanalyste serait le vrai saint puisqu'il prend patience du rien, en l'incarnant, qui sera l'aboutissement logique d'une analyse menée à terme. Il mise tout, qu'il sait n'être rien, pour rien, qu'il sait être le tout. Il joue son v'a-tout, et ce serait prétendre à aura de sainteté que de s'entêter à le faire sa vie durant, au pied du divan comme sur ledit vent qui nous mène chaque jour par le bout du pied.
Comment ainsi concevoir que lesdits psychanalystes en chair se tiennent plus en chaire qu'en ce lieu du choir ? Ne pas entendre parler des psychanalystes, c'est peut-être ce qui serait le mieux pour bien les choi-sir.
Les saints prêchent dans le désert au nom d'une cause qui les impasse. Les morts ne parlent pas, ils savent que le silence d'or est le tombeau suprême où la fleur de la parole s'éternise.
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